Pour comprendre les rites funéraires pratiqués dans la culture et la philosophie bouddhistes, j’ai dû mettre de côté toutes mes connaissances des religions occidentales créationnistes. Un grand fossé sépare le bouddhisme de ces autres croyances. La mort chez les bouddhistes est un moment particulier, une libération qui permet à l’âme de passer d’une enveloppe charnelle à une autre.
L’incarnation au cœur de la religion de Bouddha
Mon séjour au Sri Lanka n’était pas uniquement un moment d’émerveillement devant les temples somptueux, les forêts denses, les plantations, la savane et autres endroits magiques. C’était bien plus que ça, un voyage spirituel qui m’a permis de faire connaissance avec le Sri Lanka profond et original. L’un des aspects phares de la culture au sri-lanka n’est autre que les rituels funéraires pratiqués par les bouddhistes. Un moment unique en soi, qui appelle à la méditation, la recherche de soi et la spiritualité.
Chez les bouddhistes, l’enterrement est une étape décisive pour la réincarnation, un des principaux axes de la philosophie de Bouddha. Pour aider le mort dans son processus de transformation, la cérémonie funéraire doit respecter des étapes strictes à savoir l’agonie, le positionnement du mort et l’inhumation. La réincarnation du mort dépend de son karma (actions antérieures du mort). Ainsi, l’âme peut intégrer le corps d’un homme ou celui d’un animal. Une transformation qui se répète continuellement à la recherche du Nirvana (l’Eveil). Il y aura reconnaissance si la vie du mort est marquée par la sagesse et les bonnes actions. A Contrario, l’âme du défunt risque de régresser en intégrant par exemple le corps d’un animal si son vécu est marqué par le non-respect des principes du bouddhisme.
De longues et complexes cérémonies religieuses
Ma présence au Sri Lanka m’a permis particulièrement de comprendre ces traditions ancrées au plus profond de la communauté bouddhiste. Au fil des jours, j’ai réussi à assimiler cette vision spirituelle de la vie et de la mort. La mort chez les bouddhistes est un moment de deuil, mais aussi de recueillement.
Les bouddhistes accordent une importance capitale à l’accompagnement des agonisants. Dans ses derniers moments, le mort est souvent entouré de ses proches, lesquels honorent sa vie, ses actions et ses œuvres. Une manière de l’accompagner dans l’au-delà. Les proches pour les bouddhistes doivent accomplir leur deuil dans le calme, sans larme ni douleur. Ils marquent ainsi le sommeil serein du défunt.
Une fois décédé, le corps du défunt doit être manipulé par des proches selon des rituels précis. Il faudrait parfois plusieurs jours avant de déplacer le corps. Les rituels qui peuvent durer jusqu’à un mois sont présidés par un kartta, une personne proche du mort. Le karrta sera vêtu d’un vesti et d’un châle et doit se raser la tête. Il aura pour tâche de perfectionner l’âme du défunt. Le jour de la crémation arrivé, une longue cérémonie sera organisée et scindée en trois étapes. Le cercueil du mort sera d’abord installé dans la cour de la maison pour une sanctification de son âme par un prêtre. Ensuite, les proches, réunis autour du cercueil, vont chanter le Tirupporcunnam ( poussière d’or sacrée). D’autres rituels complexes suivront durant toute la cérémonie et avant de déplacer le corps vers le terrain de la crémation avec des éloges funèbres, des prières et des chants religieux.
Le Nirvana pour les visiteurs du Sri Lanka
Une fois le corps incinéré, les rituels continueront pendant 49 jours et les proches rendront visite à la demeure du défunt. J’ai pu vous décrire quelques détails du processus d’enterrement chez les bouddhistes, mais ce n’est qu’une partie de ces rituels et traditions des Sri Lankais. Ces derniers, je l’avoue, vouent un respect total à leur religion. Assister à ces rituels demeure pour moi des moments indescriptibles, chargés de beaucoup d’émotions et de contemplation.